Alors que les cas de VIH et d'infections sexuellement transmissibles (IST) connaissent une légère hausse en 2021, la France renforce son dispositif de prévention de la santé sexuelle des jeunes [1]. Depuis le 1er janvier 2023, les moins 26 ans peuvent accéder à des préservatifs gratuits externes, directement en pharmacie, sans minimum d'âge [2]. Qui est concerné, comment en bénéficier, et que va changer ce dispositif ?

Depuis le 1er janvier 2023, les jeunes de moins de 26 ans, sans minimum d'âge, ont accès au préservatif gratuit en pharmacie. [4]

Un dispositif largement salué par les acteurs de la santé, dans un contexte de recrudescence des infections sexuellement transmissibles (IST), en particulier chez les 15-24 ans [5, 6]. Les femmes de moins de 24 ans représentent par exemple 38% des infections à chlamydia, en très forte hausse en France. [6]

Car si le préservatif est le principal moyen de prévention contre ces maladies, les nouvelles générations n'y ont pas recours de manière systématique. En 2016, 24% des 15-24 ans ont utilisé un préservatif et 11,5% un préservatif en association avec un autre moyen de contraception. [7]

Le nouveau dispositif doit permettre d'améliorer ces pratiques, en facilitant la disponibilité du préservatif gratuit dans n'importe quelle pharmacie, près de chez soi. [1]

Attention : tous les préservatifs ne sont pas concernés par le dispositif. Seules deux marques sont proposées de manière gratuite pour les jeunes, en pharmacie : Eden ou Sortez couverts. [1]

Il s'agit de préservatifs externes, anciennement dits « masculins », destinés à être apposés sur un pénis ou un objet. Les préservatifs internes, anciennement dits « féminins », conçus pour être insérés dans le vagin ou l'anus, ne sont pas pris en charge [9, 10].

Les jeunes dont la sexualité ou les préférences en matière de prévention ne sont pas couvertes par le dispositif peuvent toujours se procurer d'autres préservatifs gratuits dans les lieux habituels. [8]

Les préservatifs gratuits prévus par le dispositif sont disponibles dans la limite d'une boîte. Ils sont par ailleurs délivrés sans avance de frais.

Pour y accéder, il faut présenter à son pharmacien ou sa pharmacienne, l'un des documents suivants, selon son profil [1, 4] :

• pour les 18-26 ans : une carte Vitale, une attestation de droits téléchargeable sur le site Ameli, une carte de l'aide médicale d'État (AME) ou une carte européenne d'assurance maladie ;
   
• pour les moins de 18 ans : une déclaration sur l'honneur justifiant l'âge et le statut d'assurance sociale ou AME.

Bon à savoir : les personnes mineures qui le souhaitent peuvent demander le « secret de la délivrance ». Un système de facturation spécifique mis en place par l'Assurance maladie permet à la pharmacie de garantir ce droit [4].

L'efficacité du préservatif est depuis longtemps reconnue dans la prévention du VIH, des hépatites, des grossesses non désirées et des IST telles que la gonococcie, les chlamydiae, la syphilis, le HPV, la vaginose à gardnerella ou encore l'herpès génial. [5, 11]

Il reste pourtant insuffisamment utilisé par les jeunes générations depuis la fin des années 1990 et le début des années 2000.

Stop aux idées reçues pouvant entraîner un manque de vigilance : toutes les sexualités et toutes les identités de genre sont concernées par les risques de contamination par le sida ou une IST. [1, 5, 6] Par exemple, 38% des cas de chlamydia concernaient les femmes de 15-24 ans en 2016 [6] et 51% des personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021 sont hétérosexuelles.

Certaines infections ne présentent aucun symptôme. D'autres se soignent très facilement, sans séquelle. De quoi sous-évaluer l'importance d'utiliser un préservatif pour se protéger…

Parfois pourtant, une IST mal soignée peut entraîner à terme un cancer, une stérilité ou abîmer les muqueuses au point d'augmenter le risque de contamination par le VIH. [11] En cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter, sans oublier d'informer ses partenaires.

À cet effet, Santé publique France a mis en place plusieurs sites comme :

• « On s’exprime », dédié aux jeunes publics : https://www.onsexprime.fr/
• « Question sexualité » : https://questionsexualite.fr/
• « Sexosafe », sur le sexe entre hommes : https://www.sexosafe.fr/

Le dispositif du préservatif gratuit s'inscrit dans le cadre d'une série de mesures visant à préserver la santé sexuelle des jeunes de moins de 26 ans. Elles concernent les maladies sexuellement transmissibles, mais aussi les grossesses non désirées [12, 13].

Les récentes mesures en prévention de la santé sexuelle des jeunes concernent également :

• le dépistage du VIH et des IST sans ordonnance, dans n'importe quel laboratoire de biologie médicale, et intégralement remboursé pour les moins de 26 ans ; [13]
• la contraception d'urgence, connue sous le nom de « pilule du lendemain », accessible gratuitement et sans ordonnance aux femmes sans condition d'âge ; [14]
• certains types de contraception, désormais gratuits pour les femmes de moins de 26 ans. [15]

[1]. Santé publique France, Bulletin de santé publique VIH-IST. Décembre 2022. 28 novembre 2022, https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-sexuellement-transmissibles/vih-sida/documents/bulletin-national/bulletin-de-sante-publique-vih-ist.-decembre-2022

[2] Premier ministre, Certains préservatifs sont gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans dès janvier 2023, 5 janvier 2023, https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16208

[3] Organisation mondiale de la santé (OMS), "Infections sexuellement transmissibles (IST)", 22 août 2022. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/sexually-transmitted-infections-(stis)

[4] Assurance maladie, Délivrance de préservatifs aux moins de 26 ans sans prescription : mode d’emploi, 2 janvier 2023,  https://www.ameli.fr/pharmacien/actualites/delivrance-de-preservatifs-aux-moins-de-26-ans-sans-prescription-mode-d-emploi

[5] Sida Info Service, 2021, https://www.sida-info-service.org/quelques-chiffres-sur-le-vih-sida/

[6] Le Monde, Très forte hausse des infections sexuellement transmissibles en France, 18 juillet 2018, https://www.lemonde.fr/medecine/article/2018/07/18/tres-forte-hausse-des-infections-sexuellement-transmissibles-en-france_5333342_1650718.html

[7] Santé Publique France, 2016, cité dans Le Monde, Contraception : chez les jeunes, la pilule et le préservatif restent dominants, mais les pratiques s’élargissent, 1 janvier 2023, https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/01/01/contraception-chez-les-jeunes-la-pilule-et-le-preservatif-restent-dominants-mais-les-pratiques-s-elargissent_6156226_3224.html

[8] https://www.preservatifgratuit.com

[9] Planning familial, https://www.planning-familial.org/fr/le-planning-familial-de-la-reunion-974/le-preservatif-1059

|10] France Bleu, 2022, https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-preservatif-masculin-gratuit-pour-les-moins-de-26-ans-pas-le-feminin-rappelle-le-planning-familial-3319427

[11] Sida Info Service, https://www.sida-info-service.org/une-ist-ca-peut-etre-grave-2/

[12] Sénat, Loi n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046791754

[13] Premier ministre, Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023, 4 janvier 2023 : les mesures phares, https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15965

[14] Assurance maladie, hytps://www.ameli.fr/assure/sante/themes/contraception-urgence/contraception-urgence-gratuite

[15] Premier ministre, Contraception gratuite pour les femmes de moins de 26 ans depuis le 1er janvier 2022, 8 avril 2022, https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15158