L’anxiété correspond à une inquiétude persistante, injustifiée et excessive face aux événements de la vie. Elle peut prendre diverses formes, regroupées sous le nom de « troubles anxieux ». L’anxiété dite « généralisée » touche 5 à 8 % de la population, en particulier des femmes de plus de 40 ans.
L’anxiété peut se déclencher avec le stress, suite à un événement personnel difficile ou à une expérience négative. Elle se manifeste notamment par une inquiétude diffuse, des douleurs musculaires, des problèmes de sommeil et de concentration.
Le diagnostic d’anxiété est posé en présence de symptômes caractéristiques, et lorsque le patient se plaint de soucis incontrôlables depuis plus de six mois. Les soins consistent à entreprendre une psychothérapie et à adopter un rythme de vie régulier. Des anxiolytiques sont aussi prescrits dans certains cas.
Plusieurs habitudes contribuent à prévenir les troubles anxieux : manger équilibré, pratiquer un sport, éviter l’abus d’excitants, et parler de ses inquiétudes à ses proches ou à un professionnel si nécessaire.
À un degré raisonnable, l'inquiétude et l'anxiété sont des sentiments utiles. Lorsqu’ils sont justifiés par des causes réelles (ex. : examen, soucis financiers, divorce, chômage), ils peuvent être considérés comme normaux, même s’ils se prolongent sur plusieurs semaines. Ils constituent en effet un système d'alerte face à une situation donnée, et permettent de mobiliser les ressources de l'individu comme de solliciter sa faculté d'adaptation.
L'anxiété devient pathologique :
- lorsqu'elle persiste malgré la disparition de la situation qui l'a provoquée ;
- lorsque le système d'alerte se met constamment en route, alors qu'aucun événement ne le nécessite vraiment.
Les symptômes de cette affection deviennent rapidement incompatibles avec la vie quotidienne. On parle alors de « troubles anxieux ». Ceux-ci s'expriment de très nombreuses manières, selon l'histoire familiale et personnelle du patient, son hérédité, son imaginaire ou les causes de ses premiers épisodes d'anxiété :
- Le sentiment d’angoisse peut être diffus, persistant, irrationnel, et concerner la plupart des situations de la vie quotidienne. Impossible à contrôler, il est source de souffrance et rend impossible tout plaisir. On parle alors d'« anxiété généralisée », qui constitue le trouble anxieux le plus courant. Il touche entre 5 et 8 % de la population. Les femmes sont deux fois plus concernées que les hommes, surtout après 40 ans (à partir de cet âge, une sur dix est touchée).
- L'anxiété peut également se fixer sur une ou plusieurs situations très précises, dont la présence va provoquer des symptômes intenses. Ce sont les troubles phobiques. La phobie devient grave lorsqu'elle oblige la personne touchée à restreindre ses activités.
- Parfois, l'anxiété se concentre de manière intense sur une période très courte, quelques minutes à peine. Sans signe annonciateur, elle surgit violemment et provoque des symptômes qui peuvent simuler une crise aiguë de maladie cardiaque, pulmonaire ou neurologique. Ce sont les troubles paniques, également appelés « attaque de panique » ou « crise d'angoisse ».
Quelle que soit la forme de l'anxiété, ses manifestations sont souvent similaires. Aux symptômes psychologiques (angoisse, peur, nervosité, difficultés à se concentrer, irritabilité, distraction) s'ajoutent des signes physiques parfois éprouvants :
- palpitations cardiaques ;
- tension musculaire ;
- sensation d'étouffement ;
- sueurs ;
- bouffées de chaleur ou de froid ;
- sensation de boule dans la gorge ou dans l'estomac ;
- insomnies.
Ces symptômes physiques n'évoquent pas toujours de manière très évidente l'anxiété, et les patients redoutent d'être atteints d'une autre affection.
Dans certains cas, la maladie ne provoque pas ce type de symptômes mais entraîne la mise en place d'une action répétitive, destinée à la soulager de manière temporaire. Ce sont les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Le rituel adopté se répète de plus en plus souvent et finit par gêner la vie sociale et professionnelle du patient. Celui-ci vit alors son anxiété dans le secret et la honte.
L'anxiété peut se manifester sous deux formes différentes.
Le patient présente un sentiment diffus d'inquiétude, qui a des répercussions négatives sur le quotidien. Il ressent de la peur et de l'angoisse face à la plupart des événements de la vie, et craint toujours l'arrivée d'une catastrophe. Même lorsque les choses vont bien, il se dit que cela ne va pas durer. Il est fatigué, irritable, a du mal à se concentrer, et se sent incapable de contrôler les situations qui se présentent. Parfois, il s'isole, par peur de ne pas avoir le contrôle sur ce qui l'entoure (anxiété sociale).
Dans d’autres cas, la personne angoissée cherche à échapper à sa peur du lendemain en devenant hyperactive, en se lançant dans une « fuite en avant ». Cela lui donne l'impression de maitriser ce que l'avenir lui réserve.
Ils sont variés et nombreux, par exemple :
- des troubles du sommeil ;
- des douleurs musculaires ;
- des palpitations ;
- des tremblements ;
- des mains moites ;
- des vertiges ;
- des frissons ;
- des maux de tête ou de ventre ;
- une diarrhée ou une constipation ;
- une sensation de serrement au niveau de la poitrine ;
- une impression d'étouffer ;
- un nœud à l'estomac ou à la gorge ;
- une spasmophilie ;
- une envie constante d'uriner.
Il s’agit d’une trop grande sensibilité émotionnelle qui se manifeste par une crise subite, regroupant un ensemble de symptômes très variés, par exemple :
- tressaillements des paupières et muscles du visage ;
- sensation de vertige et évanouissement ;
- fourmillements ;
- perte de la sensibilité dans les mains ;
- paralysie des doigts ;
- sensation d'étouffer ;
- palpitations.
Pour les psychiatres, la spasmophilie est une manifestation des troubles anxieux.
Non traités, ils peuvent déboucher sur une dépression, un alcoolisme, une dépendance aux drogues ou des tentatives de suicide. Des complications à long terme sont aussi possibles, entraînant par exemple un risque accru d'hypertension artérielle, de maladies cardiaques, de cancer ou de diabète. De plus, l'anxiété généralisée favorise l'apparition d'autres troubles anxieux (phobie simple ou sociale, troubles paniques, TOC).
En revanche, un traitement adapté, incluant une psychothérapie, réduit sensiblement les symptômes et permet de contrôler l'angoisse. Des rechutes peuvent cependant se produire. Dans ce cas, le traitement devra être repris.
Des facteurs bien identifiés peuvent provoquer des états d'anxiété, parmi lesquels :
- une situation de stress avec épuisement physique ou psychique (ex. : stress chronique au travail) ;
- une maladie ou un décès dans la famille ou le cercle d'amis ;
- une situation professionnelle précaire ;
- une nouvelle étape de la vie (départ à la retraite, divorce, départ d'un enfant de la maison, etc.) ;
- les changements hormonaux de la ménopause ;
- une expérience négative (ex. : agression physique) ;
- des affections psychiques (dépression, schizophrénie).
Du point de vue de la psychanalyse, l'anxiété traduirait l'existence de conflits inconscients, non résolus à des stades fondamentaux du développement de l'enfant (ex. : angoisse de séparation, crainte de perdre un être aimé). Ils peuvent émerger de façon spontanée ou à la suite d'une expérience traumatisante particulière.
Le diagnostic d'anxiété est posé lorsque le malade se plaint de soucis excessifs, chroniques et incontrôlables depuis plus de six mois, et qu'il présente au moins trois des six symptômes suivants :
- fatigue,
- irritabilité,
- difficultés à se concentrer,
- troubles du sommeil,
- douleurs musculaires,
- agitation ou surexcitation.
L'anxiété est souvent mal prise en charge, parce que les personnes concernées hésitent à consulter. Elles pensent que leur inquiétude exacerbée est un trait de leur personnalité, qu'elles doivent la subir et qu'il n'y a pas de remède. Ainsi, la majorité des personnes souffrant d'angoisse déclare avoir toujours éprouvé cette anxiété excessive.
L'anxiété est normale à certains moments du développement d'un enfant. Par exemple, pendant les années préscolaires, un enfant est souvent anxieux à l'idée de se séparer de ses parents. Comme chez l'adulte, ce sentiment devient pathologique lorsqu'il interfère avec les activités quotidiennes. Il peut alors entraîner des difficultés sociales ou scolaires. Les signes les plus fréquents de l'anxiété chez l'enfant sont :
- les troubles du sommeil ;
- le refus d'aller à l'école (phobie scolaire), de participer à des activités sportives ou d'aller dormir chez ses camarades ;
- certains symptômes physiques (maux de ventre, vomissements, fatigue).
L'anxiété peut être difficile à identifier par les parents, car les enfants concernés sont souvent sages, calmes et soucieux de plaire. Lorsque la maladie est diagnostiquée, un traitement psychologique doit être mis en place le plus rapidement possible.
Comme l'anxiété est une réaction normale, les mesures de prévention visent plutôt à éviter que cette inquiétude passagère ne s'installe durablement.
La parole est un excellent moyen de soulager un sentiment anxieux. Il ne faut pas hésiter à parler à un proche, à un médecin ou à un professionnel du soutien psychologique. Les inquiétudes non exprimées ont rapidement tendance à devenir difficiles à supporter.
Par ailleurs, les activités sportives sont souvent d'une aide précieuse pour les personnes de tempérament anxieux. Le sport aide à lutter contre le stress, détend, change les idées et permet d'éliminer les tensions physiques. Pratiquez des activités de relaxation (yoga, tai-chi, sophrologie, etc.), susceptibles de favoriser la gestion du stress.
Essayez aussi de vous coucher tôt et d'avoir un sommeil suffisant. Enfin, assurez-vous que votre alimentation est équilibrée et satisfaisante, et réduisez votre consommation de caféine (café, thé, colas, chocolat, guarana, etc.)
Un événement important a lieu demain. Jusqu'alors vous n'étiez pas très inquiet, et soudain vous êtes pris d'une bouffée d'angoisse. Votre cœur se met à battre plus vite, vos mains deviennent moites, vous avez des difficultés à avaler votre salive, vous vous sentez mal et n'arrivez pas à vous raisonner.
Les participants à des épreuves sportives ou à des examens doivent s'adapter à des impératifs parfois contradictoires, être motivés et combatifs, tout en restant maîtres d'eux-mêmes. Certaines personnes ont une aptitude naturelle à contrôler leur stress, et à maintenir leur vigilance à un niveau favorable à la performance. D'autres ont besoin de recourir à des techniques particulières contre le stress : respiration profonde, auto-contrôle, etc. Des techniques simples de relaxation peuvent être efficaces pour vous calmer :
- Respirez lentement et profondément pendant quelques minutes. Bloquez votre respiration, en comptant jusqu'à trois à la fin de chaque inspiration. Videz complètement vos poumons à chaque expiration.
- Détendez vos muscles de manière consciente, en commençant par le bas du corps, et en remontant progressivement jusqu'au visage.
- Relativisez autant que possible l'événement stressant, en essayant d'en voir les côtés positifs.
Les méthodes de gestion du stress varient d'une personne à l'autre. Certains s'isolent avant les épreuves, pour se concentrer et garder l'esprit fixé sur leur objectif. D'autres préfèrent passer du temps entourés d'amis, de coéquipiers, de collègues, pour un soutien et des encouragements mutuels. Tâchez de vous souvenir de la façon dont vous avez préparé des épreuves par le passé, et de vous rappeler quelles actions vous ont été les plus bénéfiques. Vous pourrez ainsi les appliquer, voire les améliorer.
L'activité physique, alliée à un régime alimentaire équilibré et à un rythme de vie régulier, semble particulièrement bien compléter les autres types de traitement. La marche, la course, la natation et le vélo sont ainsi recommandés pour gérer le stress et lutter contre l'anxiété, à raison d'une trentaine de minutes par jour si possible.
L'arrêt de l'alcool et du tabac, ainsi que la diminution de la consommation de café, permettent également de faire régresser les symptômes de l'anxiété.
Enfin, chacun peut aussi choisir une méthode de relaxation à son goût, parmi toutes celles à sa disposition, telles que le yoga, la méditation, les massages ou la sophrologie.
Le principal traitement de l'anxiété repose sur les techniques de psychothérapie. Une démarche de ce type devrait être systématiquement entreprise par la personne anxieuse, en association éventuelle avec des médicaments (si les symptômes sont trop difficiles à supporter).
Une psychothérapie de soutien peut ainsi être initiée, dès la première consultation, par le médecin généraliste. Celui-ci écoute et conseille le patient, en fonction des situations qui provoquent chez lui de l'anxiété. Lors de cette première approche, la personne peut percevoir l'intérêt de soins spécialisés et structurés.
Les thérapies cognitives et comportementales ont été les plus étudiées pour soigner les troubles anxieux. Elles ont montré une efficacité durable, à condition que le traitement ait été suffisamment intense et prolongé (au moins une séance par semaine, pendant trois à six mois). Ces thérapies visent tout d'abord à :
- comprendre les circonstances dans lesquelles les symptômes apparaissent ;
- identifier le mode de pensée négatif et irrationnel qui entre en jeu, puis le modifier.
Soutenu par le thérapeute, le malade anxieux apprend à reconnaître les facteurs déclenchant l'anxiété, et à surveiller ses réactions. Il prend conscience de son interprétation catastrophique des événements. Petit à petit, il mesure mieux le niveau réel de menace liée aux aléas, et sa capacité à y faire face.
Les thérapies cognitives et comportementales peuvent aussi comporter des techniques de relaxation et de respiration, qui aident le patient à se détendre.
Quant aux psychothérapies d'inspiration analytique, elles peuvent aider à découvrir les raisons profondes de l'anxiété, en identifiant les traumatismes précoces des premières relations affectives. Malgré l'absence d'études de référence, l'expérience montre que ce type de thérapie améliore significativement et durablement l'état des personnes souffrant d'un trouble anxieux handicapant.
Les troubles anxieux peuvent être traités par plusieurs types de médicaments : les anxiolytiques, certains antidépresseurs et d'autres produits. Les premiers anxiolytiques (tranquillisants) utilisés étaient des sédatifs puissants, qui soulageaient l'anxiété en réduisant l'état de vigilance du patient. L'angoisse diminuait au prix d'une somnolence plus ou moins permanente. Depuis une trentaine d'années, des substances mieux ciblées sont apparues. Elles soulagent les symptômes anxieux, sans entraîner de tels effets indésirables.
Les médicaments ne doivent être prescrits que dans les cas où les troubles deviennent invalidants et entravent la vie quotidienne. Les anxiolytiques sont donnés pour une durée limitée, dans le but de soulager rapidement les symptômes. Le traitement de fond repose essentiellement sur les psychothérapies. Après quelques semaines, l'amélioration rapide apportée par les anxiolytiques peut être relayée par les effets des traitements psychothérapeutiques, qui demandent plus de temps pour agir sur les signes de la maladie.
Il est important de respecter la posologie et les conditions de prise préconisées par le médecin. En règle générale, le traitement est mis en place par augmentation progressive de la posologie. L'objectif est d'identifier la dose efficace minimale, pour limiter les effets indésirables et le risque d'accoutumance. Les personnes âgées sont souvent sensibles à des doses plus faibles. Sachez par ailleurs qu’il est inutile et dangereux de prendre simultanément deux anxiolytiques.
Dans tous les cas, le traitement ne doit pas durer plus de quelques semaines (en général, entre quatre et six). Il est ensuite réévalué par le médecin, en fonction de la situation et des effets de la prise en charge psychothérapeutique. Son arrêt se fait par réduction progressive des doses.
La prise d'un médicament anxiolytique implique que l'on ne boive pas d'alcool. La combinaison de ces deux substances peut en effet entraîner des troubles du comportement et de la mémoire, et augmenter les risques d'accident. C'est pourquoi il est aussi déconseillé de conduire ou d'utiliser des outils potentiellement dangereux pendant le traitement.
Enfin, les risques d'interactions entre les anxiolytiques et d'autres médicaments sont importants. Pour cette raison, il est indispensable de signaler la prise de ces substances à son pharmacien, ou à tout nouveau médecin consulté.
Une femme enceinte ne doit jamais prendre d'anxiolytiques sans en parler au préalable à son médecin. Mieux vaut s'abstenir de tout usage de benzodiazépines pendant le premier trimestre. Pendant l'allaitement, il est également indispensable de consulter avant de prendre ce type de médicaments.
L'anxiété généralisée est une maladie qui bouleverse la vie de la personne atteinte, mais également, parfois, celle de son entourage.
Comme dans toutes les maladies psychiques, les proches peuvent jouer un grand rôle en faisant preuve de compréhension. Il est primordial d’inciter le patient à prendre régulièrement ses médicaments, et à suivre une psychothérapie.
La solitude et l'inactivité aggravent l'anxiété généralisée. Si l'un de vos proches est atteint de cette maladie, sachez que votre présence attentive et votre investissement à ses côtés sont déjà bénéfiques pour lui. Même si cela ne vous paraît pas évident, votre patience et votre affection peuvent faire la différence, et devenir un véritable soutien vers un mieux-être. Essayez aussi de ne pas juger ni minimiser les sentiments négatifs de la personne atteinte.
Il est difficile de vivre avec une personne anxieuse. Son pessimisme, sa tendance à tout dramatiser peuvent rejaillir sur la famille entière. L'entourage peut se sentir découragé, avoir l'impression de se battre en permanence pour amener le patient à voir la vie de façon positive. Ce travail complexe peut nécessiter une aide. Aussi, si vous sentez que vous perdez pied face à un proche souffrant de troubles anxieux, n’hésitez pas à :
- consulter un psychothérapeute ;
- contacter une association de patients, pour exprimer les difficultés rencontrées dans un groupe de parole.