Si les effets du changement climatique sur la santé mentale restent peu connus, leurs manifestations commencent à être documentées par la recherche scientifique. Tour d’horizon des effets possibles, et souvent invisibles, du changement climatique sur la santé mentale. [1]
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Les impacts psychologiques associés aux événements climatiques extrêmes peuvent être 40 fois plus élevés que les impacts sur la santé physique. [7]
La plus médiatisée des conséquences du changement climatique sur la santé mentale est connue sous le nom d’éco-anxiété ou anxiété climatique.
L’éco-anxiété exprime une « détresse », une « inquiétude plus ou moins intense associée à l’exposition prolongée aux conséquences du changement climatique ». [3, 6] Face à la dégradation de l’état de la planète, les personnes concernées par l’éco-anxiété peuvent ressentir colère, tristesse, peur ou culpabilité, voire développer des troubles du sommeil, un isolement social et des troubles de la santé mentale. [2]
Divers concepts apparaissent pour tenter d’en distinguer les effets : [3, 4, 5, 7]
- le trouble d’anxiété généralisée associée à l’angoisse face au changement climatique ;
- la solastalgie, une nostalgie face aux changements environnementaux ;
- le deuil écologique, face à la dégradation de l’environnement ;
- le burn-out écologique, comparable à une maladie professionnelle ;
- l’éveil lucide, défini comme une sorte de « malaise latent » ;
- l’éco-paralysie, associé au sentiment d’impuissance face aux effets inévitables du changement climatique.
Dans le monde, 75 % des personnes jugent l’avenir « effrayant » en lien avec la question climatique. [7] En France, l’anxiété climatique affecterait 15 % des habitants, dont 5 % dans des formes intenses. [2]
Le changement climatique peut également provoquer des impacts directs sur la santé mentale, de par l’augmentation inévitable et préoccupante de la température de la planète. [7]
En effet, des températures élevées peuvent provoquer des troubles de l’humeur, et des comportements qui deviennent plus agressifs. Les températures extrêmes affectent en particulier le bien-être des personnes touchées par un trouble de santé mentale, au point d’augmenter parfois le risque suicidaire.
Lorsqu’elles mettent en péril les moyens de subsistance de certaines communautés, les températures extrêmes sont également associées, selon certaines études, à des impacts sur la cohésion sociale et une augmentation des comportements violents. [7]
Les sécheresses associées aux températures élevées affectent en particulier la santé mentale de certains métiers directement exposés, comme les agriculteurs, mais également les habitants exposés aux insécurités alimentaires et hydriques qui en résultent. [6]
Les sécheresses ne sont pas le seul exemple d’événements extrêmes pouvant résulter du changement climatique. Inondation, feu de forêt, tempête… Outre les effets sur la santé mentale du changement climatique dans la vie quotidienne, les catastrophes naturelles et événements d’ampleur associés au changement climatique peuvent engendrer stress post-traumatique, anxiété, dépression et traumatismes psychologiques.
En cause : les pertes matérielles, déplacements et dommages liés aux phénomènes météorologiques. Face à ces événements qui bouleversent une vie, l’impact psychologique peut être important, et directement attribuable au changement climatique. [6, 7]
Ainsi, jusqu’à 10,6 millions de personnes signalent avoir connu des troubles mentaux en Europe entre 1998 et 2018 suite à des inondations.
Les feux de forêt quant à eux sont associés à une augmentation des symptômes tels que l’hostilité et la paranoïa, mais également à la consommation de médicaments contre l’anxiété et favorisant le sommeil. [7]
Face à ces effets directs et indirects du changement climatique sur la santé mentale des populations, il reste possible d’agir, en prévention comme en gestion des risques.
En cas de formes légères d’éco-anxiété, l’engagement et la vigilance vis-à-vis du climat peuvent aider ! Adopter des gestes de prévention face aux risques climatiques et maintenir une posture active peuvent permettre de réduire l’anxiété tout en améliorant l’environnement.
En cas de symptômes avérés de troubles de santé mentale associés au changement climatique, il existe des thérapies orientées vers la gestion de l’anxiété. Un avis médical reste indispensable en cas de symptômes.
En cas d’événement d’ampleur, des ressources existent également pour se préparer à la gestion des risques climatiques. [5]
Si le risque survient, les premiers secours en santé mentale peuvent faire la différence, pour réduire les conséquences psychologiques des catastrophes naturelles sur les victimes. En particulier, il est possible de se former avec le protocole 6C. Découvrez-le aussi en vidéo :
Face aux effets invisibles du changement climatique sur la santé mentale, la prévention des risques est tout aussi importante qu’en matière de santé physique.
[1] https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/climate-change-and-health
[3] https://asso-rafue.com/l-eco-anxiete
[4] https://unric.org/fr/eco-anxiete-quand-les-changements-climatiques-impactent-la-sante-mentale/
[6] https://unric.org/fr/angoisse-climatique-deuil-ecologique-impacts-du-climat-sante-mentale/
[7] https://climate-adapt.eea.europa.eu/fr/observatory/evidence/health-effects/mental-health-effects