Différentes études publiées récemment font état d’un recul du droit des femmes dans le monde et d’une persistance du sexisme en France, dans de nombreux domaines. La prévention reste la meilleure arme pour lutter contre les inégalités. Analyse.
L’interdiction d’étudier et d’exercer certains métiers en Afghanistan, le droit à l’avortement révoqué par la Cour Suprême aux États-Unis, l’accès restreint à l’IVG et à la contraception en Pologne… Ces dernières années, les droits des femmes ont connu un recul tragique aux quatre coins du monde.
Identifiées sous le terme anglophone « backlash » (« retour de bâton » en français), ces régressions sont répertoriées et analysées dans un rapport publié le 13 février 2023 par la Fondation Jean-Jaurès et l’association féministe Equipop [1].
Dénonçant l’action de lobbys conservateurs (« les mouvements anti-droits ») au sein de nombreux gouvernements et d’institutions internationales, ce rapport fait état d’un net recul des droits des femmes « partout dans le monde ».
Ses auteurs soulignent qu’« Aucun État n’est à l’abri d’un revirement conservateur », plus particulièrement en matière de contrôle des corps et des sexualités.
Sur le plan international, un autre rapport publié en mars 2022 fait état d’inégalités très fortes entre hommes et femmes, d’un point de vue économique. Dans son étude intitulée « Les Femmes, l'Entreprise et le Droit 2022 », la Banque Mondiale révèle des statistiques éloquentes [2] :
- Dans le monde, 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas des mêmes droits économiques que les hommes ;
- Dans 178 économies, les femmes font face à des obstacles institutionnels qui les empêchent de participer pleinement à la vie économique de leur pays ;
- 86 économies restreignent l’accès des femmes à l’emploi ;
- 95 économies ne garantissent pas un salaire égal à conditions de travail égales entre hommes et femmes ;
- A l’échelle internationale, les femmes ne disposent que des ¾ des droits juridiques accordés aux hommes.
Dans l’hexagone, la situation n’est pas beaucoup plus réjouissante en matière de sexisme et d’inégalités hommes/femmes.
Publié le 23 janvier 2023 par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), le 5e Rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France s’inquiète d’une aggravation des manifestations les plus violentes du sexisme [3]. Une réalité qui concerne plus particulièrement les jeunes générations.
5 ans après #MeToo, le « Baromètre sexisme » du HCE dresse un constat sans appel d’un sexisme présent dans toutes les sphères de la société française :
- Entre 2020 et 2021, le nombre de victimes de violences conjugales a augmenté de 21% [4] ;
- 37% des femmes assurent avoir subi des discriminations dans leur choix d’orientation professionnelle ;
- 80% des femmes estiment avoir été moins bien traitées en raison de leur sexe (contre 37% pour les hommes) ;
- 23% des femmes ont vécu un écart de salaire à poste et compétences égales avec un collègue homme ;
- 14% déclarent avoir subi un viol ou une agression sexuelle (22% chez les femmes de 18 à 24 ans) ;
- 37% des Françaises interrogées affirment avoir déjà vécu une situation de non-consentement (rapports sexuels, étreintes, baisers…).
Malgré une écrasante majorité de la population (93%) s’estimant consciente des inégalités de traitement entre les femmes et les hommes, le sexisme persiste dans la société.
Le Haut Conseil pour l’égalité entre les femmes et les hommes émet plusieurs recommandations pour un plan d’urgence de lutte contre le sexisme, parmi lesquelles :
- Augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour améliorer le traitement des affaires de violences intra-familiales ;
- Réguler les contenus numériques et notamment la pornographie ;
- Rendre obligatoires les formations contre le sexisme en entreprise ;
- Institutionnaliser une Journée nationale de lutte contre le sexisme (25 janvier).
La santé mentale
D’après le rapport du HCE, ce tableau alarmant du sexisme en France conduit les femmes à des renoncements quotidiens pour éviter de subir des actes ou des propos sexistes.
C’est le cas de 9 femmes sur 10, qui affirment adopter des conduites d’évitement dans différents aspects de leurs vie privée ou professionnelle :
- 55% renoncent à sortir ou à faire des activités seules ;
- 52% à s’habiller comme bon leur semble ;
- Près de 40% censurent leurs propos de peur de la réaction des hommes ou veillent à ne pas parler trop fort ;
- 8 femmes sur 10 craignent de rentrer seules le soir.
Ces situations ont un impact psychologique fort, aggravant la charge mentale des femmes, et pouvant induire pour certaines une perte de confiance en soi dans leur parcours professionnel ou leur vie quotidienne :
- Plus d’un tiers (35%) des femmes en situation d’emploi n’ont pas osé demander une augmentation ou une promotion ;
- 15% des femmes ont redouté ou carrément renoncé à s’orienter vers des métiers majoritairement composés d’hommes.
>>Découvrez notre article sur l’état des lieux de la santé mentale en France
La santé physique
Comme le révélait une enquête inédite d’AXA Prévention publiée en septembre 2021 [5], en France, les inégalités entre les hommes et les femmes sont également très marquées en matière de santé, dues à la persistance de stéréotypes liés au genre.
L’écueil le plus probant concerne les maladies cardio-vasculaires, généralement prises en charge de façon trop tardive chez les femmes en raison d’une méconnaissance des symptômes, qui diffèrent sensiblement de ceux des hommes. Ces pathologies représentent pourtant la première cause de mortalité féminine.
L’étude indique que seulement 38% des femmes effectuent des bilans de santé périodiques et qu’une très grande majorité (81%) fait passer la santé de leurs proches avant la leur.
Engagée depuis de nombreuses années pour la santé des femmes, AXA Prévention est partenaire de l’opération Le Bus du Cœur, menée par le fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes.
Cette initiative, qui a déjà permis d’aider près de 5000 femmes en situation de vulnérabilité, poursuit sa route en 2023 (consultez le calendrier ici). A chaque passage, le Bus du Cœur accueille environ 200 femmes afin d’effectuer des dépistages cardio-gynécologiques. Un suivi est ensuite mis en place avec des professionnels de santé proches de chez elles.
Afin de dénoncer l’impact de la charge mentale sur la santé des femmes, AXA Prévention diffuse également depuis 2022 le film « Mon Cœur », réalisé par le cinéaste Safy Nebbou.
Cette œuvre invite l’entourage à agir et à se mobiliser pour le cœur des femmes, véritable enjeu de santé publique.
>>Regardez le reportage de Brut. sur les Bus du Cœur